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 Adapté d'un article publié au départ sur le site Internet de ruefrontenac.com.

 

Plus de 60% des travailleurs du secteur manufacturier au Québec seraient exposés quotidiennement à des bruits plus intenses que ce qui est permis par les normes gouvernementales. Soit plus de 90 décibels.  C'est du moins ce qui ressort d'une série d'études effectuées par des chercheurs de l'Université de Montréal et dont le site Internet ruefrontenac.com rendait compte récemment.

«Ce sont des résultats assez freakants», lance le chercheur principal de ces études, Michel Picard.

Avec son collègue Tony Leroux, il a réuni les résultats de trois enquêtes menées chacune auprès de quelque 50 000 travailleurs du secteur manufacturier, de la métallurgie et du sciage du bois dont l'environnement est presque aussi bruyant que celui d'une discothèque: l'une de ces études portait sur le lien entre le bruit excessif et le risque d'accidents de travail; une autre sur le bruit et la multiplication de ces accidents; et une troisième sur le bruit au travail et les accidents de voiture entraînant des blessures.

Leurs résultats de ces études sont frappants; les effets du bruit en milieu de travail, de même que sur la vie en général de ces travailleurs et travailleuses a également de quoi sonner l'alarme.

«Ça dérange tout le monde, déclare M. Picard. Les gens ne s'entendent pas et n'arrivent pas à percevoir les bruits d'alerte, comme une machine qui fait un boucan d'enfer avant de briser

C'est ainsi que des employés d'usine jouissant d'une ouïe parfaite ont 10% de risques de subir un accident de travail grave, voire mortel, soit 6% de plus qu'une personne œuvrant dans un environnement calme. «Il n'est pas question ici d'une petite coupure, mais bien de quelque chose qui entraîne un arrêt de travail, comme une chute de quatre étages ou quelqu'un qui se fait écraser par une machine

Les pertes auditives entraînées par le bruit constant dans plusieurs établissements font exploser ce risque. À preuve, les travailleurs qui souffrent d'une surdité professionnelle sévère, développée au fil des années, ont 230% de risques de subir quatre accidents de travail graves ou plus au cours de leur carrière. «C'est très gros», déplore le chercheur.

Mais là ne s'arrête pas les constats.  Fait plus surprenant encore, les travaux de ce professeur à l'École d'orthophonie et d'audiologie de l'Université de Montréal démontrent aussi un lien direct entre l'importance du bruit en milieu de travail et le nombre d'accidents de la route avec blessures.

«On savait qu'une baisse d'audition entraînait un risque plus élevé d'accidents en général. On a aussi tenu compte du fait que le bruit est un agent de stress important, dit M. Picard. Donc, quand les gens quittent l'usine, ils traînent le stress avec eux et ont plus d'accidents

Lorsque les problèmes de bruit et d'audition sont réunis, les gens du secteur manufacturier ont 5% de risque d'avoir un accident de voiture. Pour ceux qui travaillent dans un endroit où le son ambiant dépasse les 100 décibels, le risque d'accident atteint 7%.

«Ce sont des données très inquiétantes qui démontrent le danger du bruit excessif, dit Michel Picard. Il faut que la CSST applique la loi et donne des amendes aux entreprises qui ne la respectent pas

La loi sur le bruit en milieu de travail est d'ailleurs beaucoup plus permissive au Québec qu'ailleurs au Canada et que dans la majorité des États américains, où la limite varie entre 80 et 85 décibels et n'aurait pas été changée depuis près de 40 ans...  C'est dire à quel point cette norme de 90 décibels, qui n'est du reste même pas appliquée dans les faits, est aujourd'hui vieillotte et devrait aussi être révisée à la baisse.

 

 



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